Au cours d’une résidence de deux mois au musée Balzac, Aurélia Frey a imaginé les derniers instants de l’héroïne du Lys dans la vallée, Blanche-Henriette de Mortsauf. Cette femme vertueuse à la psychologie complexe est inspirée de Laure de Berny, le premier amour d’Honoré de Balzac qu’il a baptisée Dilecta, sa « bien-aimée », en référence à la pieuse Marguerite de Rousselé inhumée en l’église de Saché au XVIIe siècle. Elle fait également écho à d’autres personnages féminins de La Comédie humaine telles Lady Brandon (La Grenadière) ou Stéphanie de Vandières (Adieu). Explorant la vallée de l’Indre et ses châteaux, Aurélia Frey parcourt l’âme d’Henriette pour saisir les dernières visions de l’héroïne alors qu’elle se meurt.
Que reste-t-il de la mémoire d’Henriette de Mortsauf ? Peut-être tout est là, dans ses jardins secrets que j’ai cherché à recueillir. Découvrir un dessin, une peinture, un journal, une tenture froissée, autant de signes : vivre à travers eux, toucher à l’insaisissable, ne serait-ce qu’un instant, fugace, voué à disparaître. Henriette-Blanche : bouquets fanés de ses amours avec Félix, paysages serrés dans la brume comme un douloureux souvenir. Tout y est contenu, délicat et pourtant oppressant. Hésitation entre les visions de Blanche mourante et les souvenirs qui témoignent de sa vie.
L’herbier d’Henriette pourrait alors se retrouver, après sa mort, contenu dans des albums.
2018