Seamus Heaney / Poèmes de la tourbe / Revue Ce qui reste

Photographies publiées dans la revue Ce qui reste, revue de poésie contemporaine avec les Poèmes  de la tourbe de Seamus Heaney, poète Irlandais. prix nobel de littérature en 1995.

La revue Ce qui reste, coéditée par Cécile A. Holdban et Sébastien de Cornuaud-Marcheteau, permet de découvrir chaque semaine un.e auteur.e et un artiste.
« Je repousse
à travers les styles,
les dais élisabéthains,
les dessins normands,
les primevères érotiques
de Provence
et le latin recouvert de lierre
des hommes d’église
jusqu’au nasillement
du barde, l’éclair
métallique des consonnes
fendant le vers. »
Seamus Heaney

Dilecta(e) dans Ou Bien feuille d’art et de littérature

Ou Bien est une feuille de littératures et d’arts créée par quatre anciens membres du Paresseux littéraire.
Poèmes, nouvelles, fictions philosophiques s’accordent joyeusement avec un.e artiste phare. Pas de ligne mais un méandre éditorial qui emmène le lecteur vers d’improbables horizons.

Photographies extraites de Dilecta(e) publiées dans la revue Ou bien #4.

Ça occupe l’âme / Une pièce inédite de Marion Pellissier / Revue la Récolte

La Récolte est une revue destinée à faire découvrir le théâtre d’aujourd’hui. Depuis 2019, sept comités de lecture permanents sont associés pour créer une revue annuelle invitant à découvrir les auteurs & les autrices qui font le théâtre d’aujourd’hui.Depuis 2022, La Récolte est publiée en partenariat avec les éditions Les Solitaires intempestifs.

Photographies publiées dans la récolte pour la pièce de Marion Pellissier Ça occupe l’âme.

En utilisant les codes du thriller, Marion Pellissier livre un huis clos à deux personnages, nous plongeant dans les affres de la mémoire, creusant le fossé entre réel et imaginaire, bouleversant nos certitudes du passé.

Découvrez le cahier que La Récolte a consacré à cette pièce en 2021, avec des extraits de la pièce, un entretien de l’autrice par Lionel Navarro, un article écrit par le chercheur en neuroscience Pascal Roullet
et les photographies d’Aurélia Frey.

Cahier Pelissier

APNÉE Texte Emmelene Landon

APNÉE.  Écrit de Emmelene Landon pour le livre Apnée

Extraits.

Aurélia et moi nous baladons sur l’île de Ratonneau, en pleine lumière, à chaque pas des papillons jaunes surgissent des buissons. La blondeur d’Aurélia reflète le soleil. Nous ne nous sommes pas vues depuis un an, peut-être deux. Nous nous retrouvons sur cette île, dans l’empreinte laissée par ses photos, comme quand on ferme les yeux après avoir regardé le soleil. Une tache. Comment mémoriser une tache ? Comment décrire un éblouissement ? Comment garder l’empreinte d’un éblouissement ?
(On arrête de respirer.)
Nous marchons au soleil, dans une mémoire obscure de ses photos. Rien de tel que le noir pour mettre en valeur l’éblouissement. On regarde les photos d’Aurélia, happé, attiré par la lumière. C’est le noir qui reste. Le noir au réveil, quand on essaie de se rappeler d’un rêve. Un souvenir flou d’une importance partie en fumée, ne laissant que la nécessité. L’ombre d’une richesse inouïe d’un vide. Le réveil nous ramène au monde.
(Sans rien retenir.)
Aurélia crée des images au bord de l’évanouissement avec le regard d’un animal. Si Yasujirô Ozu filme à hauteur d’enfant, Aurélia photographie à hauteur d’animal. L’œil anticipe le monde en courant entre deux états. Trajectoires entre les buissons, dans la forêt, d’un point d’eau à un nid mousseux. Elle se dérobe comme un animal, elle se retient, entre le visible et le caché.
(Trouver un coin pour dormir.)

Ce qu’elle révèle dépasse le sujet, déjà tombé dans l’oubli. On s’y accroche en vain. Le passé est devenu poussière et nous passons devant, renvoyés à la disparition de ce que nous avons de plus précieux. Nous passons devant la vision en strates de tous nos états, surtout les plus archaïques. Le tunnel est là. Tomber ou voler.
(Voler.)
Aurélia vole, mais elle a une peur bleue de l’avion. Pourquoi ? L’avion nous déplace. L’avion nous offre cette vue magnifique au dessus de la terre. Mais Aurélia déteste prendre l’avion, qui enferme les passagers comme des sardines en boîte. Pour prendre l’avion, il faut qu’elle sorte de la réalité. Elle pourrait en revanche voler comme la jeune femme devient moineau dans Bird People de Pascale Ferran, entre discrétion et la sensation d’être oiseau dans les airs, en criant sa joie. Par désir de voir et de glisser sur les courants. L’avion, c’est elle, Aurélia, qui appréhende le passage physique d’images qui permettent de basculer.
(Basculer.)
Basculer dans la brume de l’enfance. Fugue. Ne rien oser toucher. Arrêt du temps. Peur. Guetter les pas de l’ogre, de l’intrus quand on est soi-même intrus, dans une vie, une autre vie, sa propre vie. Surface rugueuse poussiéreuse souvenir d’un repas impossible au cimetière aire de jeux.
Y rentrer malgré l’interdit, trouver des traces de la présence d’une vie qui n’est plus, regarder les photos qui jonchent le sol, regarder les objets, les toucher, l’envie de les prendre mais les laisser, les photographier pour les extraire de l’oubli, de mon oubli, se demander si la photographie pourra les sauver puis se rendre compte que même l’image n’arrive pas à capter cette sensation, juste la trace banale, les îles, nécessité d’un endroit perdu, le son intraduisible, étouffé mais fort, omniprésent.
(Retour à la case départ.)
Les arbres permettent d’apprécier le réel. Le rapport aux arbres, contrairement aux natures-mortes, agit comme l’appel de ce qui est vivant autour de soi, tout autour, dans la forêt. Chaque morceau de peau a des antennes, on guette le danger, la peau caressée par l’air et les feuilles, chaque feuille sa note.

APNEE TEXTE EMMELENE LANDON

Dilecta, ce que l’on chérit par Fabien Ribery

DILECTA, CE QUE L’ON CHÉRIT par Fabien Ribery

« Elle était, comme vous le savez déjà, sans rien savoir encore, le lys de cette vallée où elle croissait pour le ciel, en le remplissant du parfum de ses vertus. »

Pour réaliser sa série photographique inspirée de la lecture du Lys dans la vallée d’Honoré de Balzac, roman contant l’histoire d’amour platonique entre la comtesse Blanche-Henriette de Mortsauf, femme (mal) mariée, et le renversant Félix de Vandenesse, menant jusqu’à la mort par désespoir de son héroïne après avoir découvert l’infidélité de son amant imaginaire avec Lady Dudley, Aurélia Frey s’est rendue dans des lieux merveilleux : le château d’Azay-le-Rideau, la Château de la Chevrière, le manoir de Vonnes, le Domaine de Candé, le Château de Valesne, les Musées des Beaux-Arts de Tours et d’Angers, et quelques autres endroits encore porteurs symbolisant la grandeur de la noblesse française de province.

En résidence au musée Balzac à Saché pendant l’été 2018, l’artiste a parcouru l’Indre-et-Loire, imaginant ensuite avec beaucoup de finesse, aux côtés de Marie Maurel de Maillé, l’ouvrage Dilecta(e), publié par Les Editions de l’épair (Grèzes, Lozère).

« Dans l’église de Saché, précise en postface Isabelle Lamy, directrice du musée Balzac, trône une plaque funéraire et son épitaphe en latin, hommage à la pieuse Marguerite de Rousselé (1608-1628), fille des propriétaires du château de Saché, morte en odeur de sainteté. Elle y est qualifiée de Dilecta (« bien-aimée »). Honoré de Balzac s’est probablement inspiré de cette inscription pour nommer Dilectae son premier amour, Laure de Berny (1777-1836), dans sa dédicace au roman Louis Lambert, mûri à Saché pendant l’été 1832 : Et nunc et semper dilectae dicatum (« A la chère entre toutes, pour maintenant et pour toujours »). Or, Henriette est sans nul doute le filigrane vertueux de Laure et devient donc, aux yeux d’Aurélia Frey, la nouvelle Dilecta. Marguerite, Laure et Henriette se retrouvent ainsi mises en abyme dans le récit que nous dévoile en images ce livre. »

Livre d’amour et d’hommage, Dilecta est composé d’un herbier, de paysages et de natures mortes évoquant avec une grande délicatesse l’univers balzacien.

On sait que dans Le Lys dans la vallée le langage floral permet d’exprimer de façon métaphorique le trouble et l’intensité des sentiments d’une femme décrite comme une « céleste créature ».

Les bouquets qu’offre l’amant inaccessible à la belle dame se pâmant pour lui sont ainsi des déclarations érotiques.

Imprimées en plus petit format que les pages du livre qui les reçoivent, et qu’elles ponctuent de leur présence colorée et de leur aura de rayogramme, les images de fleurs cueillies par la photographe sont des entrées dans le merveilleux existentiel de qui ne craint pas d’accorder ses chemins de solitude à la vaste sensibilité du vivant.

Photographiant des tableaux, des surfaces, des matières, Aurélia Frey pose sur le monde un regard de précaution ardente, révélant ainsi son intimité, sa folie peut-être, jusqu’à son renversement dans la grâce de toutes choses.

Dilecta(e) est une musique de silences, le frôlement d’un cil sur une épaule nue, une façon de ne surtout pas peser disant l’éthique poétique de la femme touchée par le beau.

Un lit inutile, un soleil voilé, une campagne froide, et le miracle d’une nature offrant à la flottaison des sentiments un écrin précieux les reflétant pour les relancer.

L’écriture est classique de ne pas masquer l’importance des racines, de la culture, de la transmission la plus haute.

En cela, la photographie d’Aurélia Frey est inactuelle, si rare dans une époque vile refusant aux poètes la place fondamentale qui devrait leur être échue.

De grands bouleversements se préparent.

Puissance de révolution de simples fruits dans une corbeille, d’un chemin de trembles dans la courbe d’une rivière, d’un ciel tempétueux, d’un lierre rose, de pieds et bras nus se dégageant d’une robe blanche.

Ce sublime-là, dont Balzac sait exprimer au suprême l’éclat et le secret, est à la portée de tous, et peut-être davantage encore lorsque le cœur est grand ouvert.

Permettez-moi maintenant, écoutant l’ensemble Les Arts florissants, de célébrer avec les mots du compositeur italien baroque Alessandro Grandi (1590-1630) celle que j’aime : « Veni coronaberis. Surge sponsa mea, surge dilecta mea, immaculata mea, surge, veni, qui a amore langueo. »

Viens, tu seras couronnée.

Lève-toi, ma fiancée, lève-toi ma bien-aimée, réveille-toi, viens, car je languis d’amour.

Aurélia Frey, Dilecta(e), Les Editions de l’épair, directrices de la publication Soraya Hocine et Sandy Berthomieu, texte Marc Blanchet, postface Isabelle Lamy, conception et réalisation graphique Marie Maurel de Maillé, photogravure Christophe Girard, 2021 – 500 exemplaires

ARTISTE ASSOCIÉE / MAISON DE L’ÉTUDIANT / UNIVERSITÉ DE LA ROCHELLE 2022-2024

Année 2022-2023 :

Chargée de l’encadrement et de la coordination de l’atelier « Photographie et littérature» à destination des étudiant-es de l’université, dans le cadre du programme global d’actions culturelles de La Rochelle Université. Maison de l’étudiant.

Passage
Dans cet atelier, recherche de mise en lumière des correspondances entre littérature et photographie. Passer d’un univers à l’autre, créer des passerelles entre le texte et l’imaginaire de chacun, l’ouverture entre les mots et les images, la relation entre perception, imagination et représentation.
Comment traduire les mots visuellement, comment les faire naître tout en développant sa propre écriture visuelle.
Autour de ces questionnements, la découverte du travail de photographes, exploration de différentes pratiques de la photographie, de l’argentique au numérique, découverte des techniques anciennes, réflexion sur l’éditing ou comment élaborer un récit ou un ensemble photographique à partir des images réalisées.

Année 2022 : nous avons travaillé sur la notion d’Intime et d’Auto-Fiction en nous inspirant de l’univers de la poétesse Estelle Fenzy, avec notamment son recueil Amoureuse ? publié aux Éditions La Boucherie Littéraire.

Les étudiant.e.s ont travaillé sur un fanzine où se mêlent Photographies & Textes et également sur une exposition montrée dans le cadre d Festival des Étudiants à l’affiche.

Dilecta(e) aux éditions de l’épair

 » Dilecta(e) émeut en dépliant une carte du tendre née de l’acte photographique, lisible commeune narration mais si emprunte d’images qu’elle en devient une suite de poèmes. Dans ce balancemententre un récit dont l’on se souvient (l’une des grandes réussites romanesques de Balzac) et l’évidenced’un « recueil de poésie », le chemin se fait, avec des soupçons de frayeur, des parfums d’abandon.C’est sur ce chemin que s’est engagée Aurélia Frey de série en série, déployant à chacune de sessensibles investigations un éventail de sensations, de matières – de pensées. La photographie d’AuréliaFrey nous fait éprouver en effet une pensée singulière là où d’autres n’offrent qu’un sentimentalismed’époque. Ce qu’elle photographie est une forme absolue d’appartenance au monde. « 

Marc Blanchet, auteur, extrait de la préface Dilecta(e)

Sandy Berthomieu et Soraya Hocine, directrices de la publication et direction artistique

Aurélia Frey, artiste photographe

Marc Blanchet, écrivain

Isabelle Lamy, postface, responsable du Musée Balzac – château de Saché

Marie Maurel de Maillé, graphisme et direction artistique

Christophe Girard, photogravure

 

Sortie : décembre 2021. Commande ici :

On en parle :  Article de Fabien Ribery

Idem mag

48FM

Artistes d’Occitanie

Miniatures de collection / Les éditions de l’épair

Miniatures de collection issues de mon travail Dilecta(e). Réalisé au cours d’une résidence de deux mois au musée Balzac à Saché, j’ai imaginé les derniers instants de l’héroïne Blanche-Henriette de Mortsauf dans Le Lys dans la vallée, œuvre littéraire de Honoré de Balzac publiée en 1836. 

Que reste-t-il de la mémoire de Blanche-Henriette ? Peut-être que tout est là, dans ses jardins secrets que j’ai cherché à recueillir…

Ces miniatures de collection, issues d’un herbier en hommage à Blanche-Henriette, sont en édition limitée.

Editions de l’épair / 2020

Commande ici : https://www.helloasso.com/associations/les-editions-de-l-epair/collectes/dileacta-e-aurelia-frey